mercredi 25 août 2010

Jacques Bonnaffé dit des poèmes de Pierre Coran et Raymond Queneau


"Comptines pour ne pas chuinter" : un cadeau de l'ami Jacques Bonnaffé aux petits curieux, lecteurs de l'âne vert..

Portrait de Pierre Coran et couverture des "Comptines pour ne pas chuinter" aux Ed. Casterman, collection DIRELIRE










Pour avoir lu Froissart, quelques publications de Daily-bul de La Louvière, lu, écouté, aimé, les œuvres de  Julos Beaucarne et Dominique Sampiero, je savais le Hainaut terre d'écritures, mais, avant de recevoir par la malle-poste électronique, la missive sonore qui est la matière de ce petit film, je ne connaissais pas l'œuvre de Pierre Coran. Merci donc à Jacques pour cette rencontre et aussi pour l'Art POPO de Queneau.
Merci aussi à Pierre Coran, et aux éditions Casterman, qui ont accueilli ce projet radiophonique sur l'âne vert avec sympathie.
De Pierre Coran je sais peu de choses : il a été instituteur Freinet dans le Hainaut belge, où il vit dans une forêt, puis professeur de littérature à Mons, il a écrit ces "Comptines pour ne pas chuinter" qui m'ont enchanté et beaucoup d'autres textes que je vais découvrir au cœur des nuits à venir (je ne lis bien que la nuit en écoutant l'effraie des clochers - une très belle chouette - chasser le mulot autour de ma maison). Ah oui, au fait, cette chouette, ne lui dites surtout pas que je lis un truc pour "ne pas chuinter", c'est un programme à lui donner l'envie de réveiller tout le quartier car pour chuinter, elle chuinte, la belle dame rousse et blanche  qui hante mon grenier : hululer moi ? vous rigolez ! pourquoi pas braire pendant que vous y êtes ?
J'espère que cette écoute vous donnera le désir de faire de même...  si ça vous chante.

Pour en savoir plus je vous donne ce lien vers une biographie de Pierre Coran, et cet autre vers un article sur lui dans Wikipédia.

mardi 24 août 2010

"Liberté" de Tony Gatlif, un film pour réfléchir (vite) à la question pressante : que faire ?


J'ai vu ce film cet hiver, qui m'a bouleversé, j'en ai parlé sur des blogs amis mais j'ai oublié de vous en parler. Je ne mesurais pas bien alors ce que le poids de l'oubli et les émotions sans lendemain peuvent avoir de paralysant. Il est urgent, ce me semble de nous souvenir qu'il est écrit au fronton de nos mairies et de nos écoles "Liberté Egalité Fraternité". Les colères nécessaires ne doivent pas paralyser l'urgence de nos solidarités. Ce matin je suis tombé par hasard, à un péage, sur un traquenard à "gens du voyage", j'ai partagé mon déjeuner avec eux et leur ai souri, c'était peu, juste la moindre des choses. 
Depuis juillet l'âne vert se souvient de plus en plus souvent qu'il a été gens du voyage et il aspire à partager son pré ou faire un bout de chemin avec ses semblables. Ceux qui me lisent et ont des idées plus claires sur "que faire", sont les bienvenus sur ce blog.

http://www.lavoixdesrroms.org/

dimanche 22 août 2010

Jacques Bonnaffé dit un texte de Georges Duby sur les moines cisterciens



Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine 2009 à l'abbaye de Bohéries (Picardie), le comédien Jacques Bonnaffé dit un texte de Georges Duby (extrait de "l'art cistercien", Ed Flammarion) sur la vie des moines cisterciens au premier siècle (12 ème) de l'ordre. Marie Eberlé est au violoncelle. Les images sont de Stéphane Mazot et Michel Vandestien, en fond sonore vous pouvez entendre les moines de l'Abbaye de Cîteaux (Bourgogne) chanter (c'est un enregistrement des années 50) le Rorate, un chant grégorien du temps de l'Avent. C'est une réalisation de l'âne-vert.

Pour mémoire, le grand historien Georges Duby était membre de l'école des Annales fondée par Marc Bloch dont il a déjà été question sur ce blog. 

dimanche 8 août 2010

Le Père Courtois, créateur du jardin des simples de l'Abbaye de Vauclair, dit un texte de René Char

Un film de l'âne vert :


En 2003, le Père Jean-René Courtois s.j., donne, à l'initiative de l'association des amis de Foigny, une conférence à La Bouteille sur les herbes médicinales dans le monde monastique (il est le créateur du jardin des simples à l'abbaye de Vauclair dans l'Aisne, après avoir été un des animateurs, avec le groupe "Source" des fouilles de Vauclair ). En conclusion il cite et commente un texte de René Char sur l'herbe (extrait de "Jacquemard et Julia" dans "le Poème pulvérisé" (1945-1947). Le texte dit par le Père Courtois est très légèrement différent de celui publié dans les œuvres complètes de la Pleïade. Je ne sais pas s'il a eu entre les mains une variante antérieure où s'il s'agit d'une liberté commune à tout lecteur d'entendre les textes d'une autre oreille que celle de l'auteur. Tendez bien l'oreille car la bande son n'est pas fameuse, je l'ai enregistrée il y a 7 ans avec un tout petit magnétophone. Les images ont été filmées par l'âne vert dans le jardin des simple des abbayes de Vauclair (où il repose depuis 2005) et  de Bohéries en juillet 2010, sauf le portrait en noir etblanc qui est du photographe Lin Hai Yui Suko (ses photographies de Vauclair ont été publiées dans l'ouvrage "Vallis Clara" édité par le département de l'Aisne et disponible sur le site de Vauclair). Jean-René Courtois était mon ami. Aux heures de solitude de l'hiver j'aimais aller écouter le puits de science qu'il était dans sa cabane d'ermite  de Vauclair. Pour nous réchauffer un vin généreux accompagnait souvent ces rencontres, en bon jésuite il aimait particulièrement, comme moi, les Châteauneuf-du-Pape.

Je signale à mes lecteurs que le livre de René Courtois, "le jardin de plantes médicinales, Abbaye de Vauclair" vient d'être réédité par l'Association des Amis de Vauclair et qu'il est disponible sur le site de Vauclair.

mercredi 4 août 2010

C'est l'été, l'âne fait dans la presse "people" et vous dit tout sur Emmanuel Mousset

Un scoop : Emmanuel MOUSSET profite de ses vacances pour faire la vaisselle !
Bon c'est lui qui a choisi la photo. Compte tenu des ses ambitions j'aurais préféré vous le montrer à cheval sur le Pont-Neuf à côté d'Henri IV. C'est un ami et on pardonne tout (enfin presque) à un ami, y compris d'aimer montrer qu'il met trop de détergent quand il fait la vaisselle, et des gants de caoutchouc que je déteste dans ce genre de situation (mon côté claustro). Jaunes en plus ! visiblement il ne sait pas qu'il en existe aussi de couleur rose ou verte qui seraient quand même mieux assorties avec ses bigoudis (pardon, en fait il les a retirés pour la photo, je me demande s'il ne devrait pas changer d'attaché de presse)


L'histoire c'est qu'Emmanuel tient un blog depuis des années et que je me chamaille avec lui de temps en temps sur ce blog. Et ce matin qu'est-ce que je lis sur son blog ? Qu'il est un peu triste que la presse people de la région ne parle pas de lui pendant l'été... et il leur propose cette photo.
La veille j'ai écrit sur son blog, en conclusion d'un petit billet,  cette phrase dont je n'ai pas mesuré l'imprudence : "...Devenir documentariste de nos amitiés serait un bon antidote aux pestilences de l'air du temps." (en fait c'est un peu le programme de l'âne vert). Et ce matin, il me prend au mot en lançant cette bouteille à la mer. Donc je vais essayer de vous parler de lui, cette nuit peut-être, si je suis en forme (j'aime écrire au mitan de la nuit). En attendant vous pouvez aller le lire son blog :

http://laisneavecdsk.blogspot.com

Ah oui parcequ'il faut quand même que je vous dise (intitulé du blog oblige) que c'est un fan de DSK, personne n'est parfait et on pardonne beaucoup à ses amis. D'ailleurs si le peuple de gauche veut DSK je voterai aussi prochainement DSK (un peu comme les athées vont à la messe et je ne rate jamais ces messes là) bien que j'en pince plutôt pour un ticket Eva Joly- Martine Aubry, personne n'est parfait, et je ne m'exclus pas de ce constat. Alors peut-être à demain la suite.

Suite et fin...


Le point de départ de ce billet c’est quand même la photo, et finalement si j’écris aujourd’hui sur Emmanuel c’est que j’ai bien aimé cette photo décalée : Emmanuel que le genre facétieux effleure rarement, se lâche un peu, c’est le charme de l’été – saison que pourtant je n’aime guère – d’autoriser cette légèreté.  J’aime aussi l’intelligence du ou de la photographe qui a évité l’effet « yeux rouges » en décalant le cadre et en envoyant le flash sur le carrelage de la cuisine, ce qui vaut à Emmanuel de ne pas ressembler à un de ces martiens qui peuplent subrepticement nos albums de photo.  Et puis il a une bonne bouille, sur cette photo : il a laissé au vestiaire cette intranquilité et ces crispations que je lui vois si souvent dans les meetings. Comparez avec la photo qui est sur son blog et vous comprendrez le poids d’accablement (et souvent il y a de quoi), dont il se départit ici. D’ailleurs je serais lui je virerais la photo du blog et je mettrais à la place ce portrait. Si on compare les deux photos on aperçoit aussi qu’il a pris de la bouteille ce qui me fait espérer qu’il va finir par aimer les vins généreux et comprendre qu’un peu de rondeur peut le bonifier.  Peut-être bien que l’été il prend le temps de faire le marché pour d’autres plaisirs que de serrer des paluches et vérifier que ses confrères – amis et adversaires – occupent toujours le pavé.

Emmanuel je l’ai connu surtout dans les cafés philo qu’il anime souvent avec talent dans la région de Guise (et aussi dans tout le département si j’en crois les journaux) en alternance avec Jean-Paul Senellart, sous la houlette bienveillante de Lise, mère aubergiste et cuisinière infatigable de ces moment de grâce. Son goût des paradoxes et du genre pince sans rire donnent souvent de la légèreté à nos débats, autorisent la complexité et contribuent à déjouer les pièges narcissiques de l’auto-fiction. J’aime en lui le petit travailleur infatigable de l’éducation populaire, un genre dont l’âge d’or fut les années cinquante (ma jeunesse) et tombé presque complètement en déshérence (il y a quelques années une association thiérachienne dont c’est plus ou moins la mission envoyait les gosses de la région sur les plateaux de la télé-réalité-poubelle…). J’aime sa persévérance à tracer ce sillon tout en m’autorisant parfois quelques notes discordantes quand, sur son blog, je le sens dériver dans une tonalité, à mon goût (bien discutable) trop « père sévère ».

J’aime aussi son imprudence en un temps où l’esprit de précaution et la prudence matoise règnent presque sans partage. Son blog, où il écrit au jour le jour tout ce que l’actualité politique lui inspire, est un bon reflet de cette imprudence. Aucun de ses  pairs, confrères ou concurrents ne se risquent à une telle entreprise : ils savent que le silence est d’or. Bien qu’il s’en défende je crois qu’Emmanuel n’aime pas les ors de la République et qu’il n’a pas renoncé à bousculer le style des gouvernances qui obscurcissent l’avenir.  Les convictions que je partage le plus facilement avec lui sont que la professionnalisation des carrières politiques n’est pas garante d’un progrès de nos démocraties, et que le cumul des mandats est le terreau d’un néo-féodalisme électif en grande partie responsable de l’incrédulité croissante des citoyens dans l’idée même de bien public.

Emmanuel a l’ambition de fédérer une gauche élargie et renouvelée à Saint-Quentin et si vous lisez son blog vous comprendrez vite qu’il se verrait bien en premier magistrat de cette ville. Il faudrait sans doute une sorte de miracle pour qu’une telle chose advienne car il cumule les handicaps (et je crois qu’il le sait). Tout d’abord « il n’est pas d’ici » et dans une région où la gauche aime surfer sur le chauvinisme (combien de discours officiels en Thiérache commencent par le rituel « en Thiérache, on aime être chauvin ») son côté berrichon lui sera rappelé jusqu’à plus soif. Ensuite son ancrage politique dans la mouvance DSK n’est pas un atout dans une ville où le Parti Communiste a longtemps été dominant, même l’hypothèse d’une raz de marée DSK aux prochaines présidentielles ne lui sera pas forcément favorable, ses concurrents deviendront du jour au lendemain plus légitimistes que lui et œuvreront sans doute à lui barrer la route. D’autant que le processus de désignation des candidats aux élections locales est, dans son parti, logé à l’adresse des boutiques obscures. Particulièrement dans la fédération de l’Aisne où l’on s’est surpassé, aux dernières municipales, à Saint-Quentin, à Bohain, et à Guise (je connais mal le sud du département) dans des cooptations brutales et sans élégance, par quelques grands notables qui ont désigné, parfois sans vote ou simple débat avec les militants, les candidats qui convenaient à la préservation des équilibres de leurs détestations mutuelles.

Les autres handicaps que je lui vois sont plus intimes. Un maire de grande ville n’est pas seulement un animateur de la vie locale, il est aussi un aménageur et un urbaniste et sur ces sujets je trouve Emmanuel trop souvent muet sur son blog,  ce n’est pas un scoop car je le lui ai dit plusieurs fois . Ensuite chaque fois que je le vois à la campagne je suis stupéfait de sa phobie pour la nature, le jardinage, une simple prairie : il voit partout des serpents et des bestioles qui l’effraient. J’espère vaguement que c’est une mise en scène un peu provocatrice à mon égard, sans le croire tout à fait. Dans le même temps un maire est un chef d’orchestre donc j’espère qu’il saura fédérer d’autres talents que les siens propres. Cette phobie, chez lui, de la verdure n’est d’ailleurs peut-être qu’à mes yeux un handicap car en Picardie il faut bien reconnaître que les excès passés (et encore bien présents bien qu’en recul) de la grande culture en matière de saccage de l’environnement ont profondément marqué les esprits : combien de jardiniers amateurs et de services des espaces verts ne connaissent-ils, dans nos communes, comme seul impératif que l’idée obsessionnelle et mortifère de « faire propre » ?
Donc j’espère qu’il saura s’entourer de jardiniers qui aient un peu écouté les conseils d’Alain Baraton , le matin, sur France Inter, et lu Gilles Clément, par exemple. Et je lui conseillerais volontiers quelques lectures pour s’initier au charme à préserver du Marais d’Isles, dans sa bonne ville : de Julien Gracq par exemple « les eaux étroites » et « la forme d’une ville ». Et qu’il ne s’inquiète pas trop, je ne suis pas électeur à Saint-Quentin !